Star Wars : Episode VIII – Les Derniers Jedi : L’union fait la Force

Voilà, c’est fait, c’est maintenant une réalité, la machine est en marche. L’épisode 8 est à peine sorti que déjà on nous annonce une nouvelle trilogie sous la direction de ce cher Rian Johnson, déjà aux manettes des Derniers Jedi. Il faut dire qu’après un Looper très moyen, on l’attendait carrément au tournant, et peu ont parié sur lui pour rattraper l’épisode 7, un peu trop vivement critiqué. Mais désormais, nous y voilà, le non-attendu et déjà soûlant épisode 8 arrive sur nos écrans. Et alors qu’on aurait pensé la hype légèrement redescendue après 3 années consécutives de Star Wars, le Box-Office montre que non, la licence en a encore sous le capot !

Et quel épisode, diantre ce que ça fait du bien de sortir à la fois surpris et conquis d’une séance de cinéma. Alors que l’on reprochait à l’opus précédent d’être une pâle copie de l’épisode 4, voilà que Les Derniers Jedi affiche un texte défilant qui rappelle quasiment mot pour mot les évènements de L’Empire Contre-Attaque. A croire qu’ils n’ont pas appris la leçon ? Rian Johnson passe 2h30 à littéralement jouer avec le spectateur et à s’amuser avec ses attentes, chose qu’aurait peut-être dû faire J.J. Abrams avec Le Réveil de la Force. Cet épisode est construit sur bien des aspects exactement de la même manière que l’épisode 5 et pourtant, à chaque moment clef, à chaque évènement majeur, l’histoire prend un axe différent, comme si le film cherchait délibérément à nous agacer pour mieux nous raccrocher à l’histoire pour la suite. Qu’il s’agisse d’évènement extrêmement similaire ou divers clin d’œil rappelant au pixel près certain plans, à plusieurs reprises on pense aux événements de L’Empire Contre-Attaque sans que l’histoire n’en prenne jamais les mêmes embranchements.

Dans le même ton, le réalisateur ne fait pas que jouer avec nos émotions vis-à-vis de l’opus précédent, mais se joue également du-dit opus. Il n’hésite pas à balayer les éléments qui ne lui conviennent pas ou qu’il juge futile. Les Derniers Jedi se charge de sélectionner ce qui est bon pour la suite de l’intrigue et ce dont on peut se passer. Le voilà, l’opus que les fans attendaient, celui qui sait parfaitement comment exploiter intelligemment ses personnages et comment les faire évoluer. Non seulement il sait nourrir le mystère autour de ceux-ci, comme on peut le voir avec Rey, mais il sait les faire grandir comme il se doit, comme en démontre Kylo Ren qui ne sera plus si longtemps entiché de son surnom ridicule. Usant avec dextérité de l’humour, on s’attache beaucoup plus facilement aux personnages qui deviennent ici à la fois crédibles, uniques et sincères. Alors que dans l’épisode précédent on les a immédiatement catalogués comme des héros (des vrais héros, pas seulement les héros d’une histoire), ici on les développe en profondeur avec seulement quelques scènes, et on leur laisse la possibilité de prouver leurs valeurs de héros prédits.

D’autre part cet épisode est une pépite visuelle comme rarement vu dans les blockbusters. Nous sommes enfin face à ce que signifie le titre Star Wars, à savoir conquête, exploration, aventure, drame et pas uniquement combat (spatiaux), combat (au sabre) et combat (au pisto-laser). On voit des lieux, avec une histoire, des planètes, une faune et une flore comme la prélogie nous en avait fait voir de toutes les couleurs. Effectivement, Les Derniers Jedi tient beaucoup de points communs avec L’Empire Contre-Attaque, ce dernier était probablement l’un des plus aboutis artistiquement, ne serait-ce qu’avec ses plans en matte painting magistraux ou les planches absolument fantastiques de Ralph McQuarrie. On peut dire que l’épisode 8 sait faire pétiller nos pupilles avec des plans, des cadres parfaitement jouissifs et tétanisants, s’il y a bien un épisode que l’on peut considérer d’artistique, c’est certainement celui-ci.

Évidemment, il n’est pas dépourvu de défauts. Il subsiste certains passage très déroutants, voire improbables. Bien que cela se déroule il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, certaines choses semblent un peu exagérées. Cela ne constitue que quelques rares passages mais il faudra une sacrée retenu pour se dire que ce n’est rien. L’histoire continue de développer et de faire évoluer des choses que l’on pensait admises, ce qui nous oblige encore une fois à revoir notre jugement sur tout cela. Quelques passages semblent de nouveau ne pas correspondre à ce que l’on s’attendait de la suite, mais il faudra faire avec. Les différences avec le 7 sont tellement visibles que l’on espère juste qu’il ne s’agisse pas de divergences artistiques entre les réals. Prions que Star Wars ne subisse pas l’effet X-Men, où Brian Singer a décidé pour les derniers volets de virer les passages qui ne lui plaisaient pas de l’épisode de Brett Ratner (bien qu’on ne puisse lui donner tort). Les Derniers Jedi a décidé de balayer certains aspects inintéressant ou trop long à mettre correctement en place, ce qui dévie légèrement l’intrigue de son axe initialement créé par J.J. Abrams, mais comme ce dernier rempile pour l’épisode 9, la crainte d’avoir un excellentissime film bâtard de la trilogie est belle et bien présente.

Star Wars : Episode 8 – Les Derniers Jedi défie toutes les espérances et les attentes. Il ne pourra pas plaire à tout le monde tant il se démarque drastiquement de son prédécesseur, mais on ne pourra lui nier une prise de risque nettement supérieure et un talent de mise en scène qui lui est étrangement inégalable. Ce film raconte bien plus de choses, on ne s’ennuie pas, on en prend plein la poire tout du long et on en redemande. Mais vous voulez vraiment savoir en quoi cet opus se démarque des autres et ne pourra pas plaire à tout le monde ? Car Rian Johnson est celui qui a enfin compris la saga. Il a su tirer l’essence même de la trilogie originale, comprendre les intentions de la prélogie, s’adapter et faire adapter l’histoire de l’épisode précédent. Les Derniers Jedi est LE Star Wars qui prend le risque de réunifier ses fans.