Valerian et la Cité des Mille Planètes : Luc Besson en plein dans sa bulle !

Les aventures de Valerian et Laureline sont une bande dessinée des années 70 au charme désuet. Elle trouve encore cœur, telle une madeleine, chez ceux l’ayant découvert à l’époque ou dans le creux naïf d’une nouvelle génération curieuse des explorations spatio-temporelles des deux héros. Toute l’originalité de la BD repose sur ces voyages dans le temps d’un héros au cœur vaillant et sa complice, Laureline, navigant dans une écriture misogyne, mais dont finalement les auteurs donnent une place importante dans les péripéties. Un peu à la manière des aventures de James Bond au cœur desquelles les missions reposent sur les exploits de l’agent 007, mais dont les girls prennent une place importante pour le sortir en permanence de situations complexes.

Valerian repose essentiellement sur ce même schéma, un agent spatio-temporel navigant au grès des galaxies et du temps pour des missions périlleuses. Valerian est un space-opéra ambitieux ayant fait rêver des gamins à partir de 1967 dans le magazine Pilote. L’adaptation souhaitée par Luc Besson l’est tout autant avec un blockbuster co-produit avec La Chine et des effets spéciaux signés WETA. Le réalisateur de Nikita ne lésine pas sur le budget évalué à près de 200 millions d’euros avec un tournage en partie en France, dans les studios de La Plaine Saint-Denis au cœur des infrastructures d’EuropaCorp.

Mais tout cela donne-t-il réellement un bon film ? Nous savons d’avance que ces artifices ne signifient pas forcément la réussite potentielle d’une œuvre. Mais Luc Besson réussit dans un premier temps à faire de cette adaptation un spectacle hors-norme. Le réalisateur français se montre généreux, empli d’une envie certaine à émerveiller et créer un spectacle inouï. Dès les premières minutes sur la planète Mül, Besson ébloui par de vives couleurs, la création d’une planète sublime, une plage enchanteresse et un peuple féerique. Ce qui surprend est surtout le fait que l’auteur ne se précipite jamais laissant le temps à ses plans de nous dévoiler cette nature hors du commun, ces paysages sublimes et les protagonistes se faire connaître amplement pour satisfaire le public. Besson ne se presse pas son public et la musique ne vient jamais alourdir le propos. L’auteur ne dérogera jamais à cette règle que ce soit sur la planète Alpha où Valerian va jouer la mission introductive dans un marché noir en réalité virtuelle ou au cœur de la cité des mille planètes, parallèle évident de notre monde à l’orée de son implosion.

Luc Besson, via son adaptation libre des aventures de Valerian, nous conquiert d’emblée par un univers généreux et ample. L’auteur ne se montre jamais avare à la création d’un univers visuel neuf en dépit de renvoyer en permanence à des références directes à commencer par Star Trek. De ce monde, il en tire une aventure foisonnante nous promenant au gré des péripéties d’un héros insolent et égocentrique. Dane DeHaan interprète ce héros, Luc Besson permettant à l’acteur américain de sortir du carcan d’un jeu ombrageux et mutique comme on a pu le voir dans Chronicle, The Place Beyond the Pines ou encore The Amazing Spider-Man 2. Si l’acteur assure au fil du film, l’appréciation aura été complexe, la carrure de l’acteur ne collant que peu à celle du personnage BD. Avouons que Dane DeHaan est trop frêle dans la peau de cet agent façonné par le metteur en scène comme une variation évidente de James Bond, dans le même schéma que la BD de Mézières et Christin. Même topo pour Laureline interprétée par la sublime Cara Delevigne. La mannequin assure captant assurément l’œil par un charisme évident. Mais les deux personnages casse-cous auraient mérité meilleures carrures. La volonté première de Besson était d’attirer un public adolescent. Mais assurément qu’avec un cast plus âgé, il aurait conquis un public plus large et relativisé sur un box-office US en berne suite à la sortie du film mi-juillet. Pour Valerian citons Clive Owen (ici dans le rôle du méchant de service), Tom Cruise (pourquoi pas avec un budget de 200 patates!) ou encore Ryan Reynolds. Pour Laureline, proposons Jessica Chastain, Emily Blunt, Rebecca Fergusson ou encore Evangeline Lilly… Un cast plein d’assurance pour un film qui n’en manque jamais surtout qu’en guest de luxe, nous retrouvons John Goodman, Ethan Hawke (ridicule!!), Rihanna, Alain Chabat, Herbie Hancock ou encore Elizabeth Debicki.

Valerian et La Cité des Mille Planètes est un divertissement estival ayant le cœur sur la main. Mais à trop le souhaiter, Luc Besson perd de vue ces personnages. Focalisé sur ces jeunes adolescents en pleine action, il omet le développement riche d’un panel gravitant autour des héros. Si Luc Besson assure une nouvelle fois avec une garde militaire et un ordre sécuritaire fidèle à ses convictions (Le Cinquième Element, Léon), il en oublie le principal. Mais en avait-il la matière ? Et surtout la volonté, car les deux personnages n’ont pas forcément l’air de s’en plaindre tout le long du film.

Avec Valerian et La Cité des Mille Planètes, Luc Besson réussit son pari avec savoir. Le film est un blockbuster divertissant, une attraction nous accrochant au fauteuil pour une aventure palpitante en compagnie d’une jeunesse, certes frêle, mais rafraîchissante.

2 Rétroliens / Pings

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