The Endless : L’indépendance sans fin.

Trois ans après Spring, Oeil d’or de l’édition 2014, le duo Justin Benson & Aaron Moorhead se remet en jeu en 2017 avec The Endless. L’histoire de deux frères retournant dans la secte qu’ils ont quittée dix ans auparavant après avoir reçu une mystérieuse vidéo par l’un des membres de leur ancienne « famille ». Très vite, des événements inexpliqués vont remettre en cause leurs croyances…

Quel plaisir de pouvoir participer au Paris International Fantastic Film Festival et avoir la possibilité de découvrir le nouvel essai de ce duo à suivre comme les metteurs en scène les plus prometteurs dans les dix prochaines années selon la presse spécialisée américaine. C’est un fait que ces deux hommes ont un potentiel dingue. Malheureusement leurs films sont indisponibles encore en France, voire totalement inaccessibles. Spring erre gentiment sur une plateforme de VOD obscure, Resolution produit en 2012 et premier film du duo, est encore aujourd’hui invisible en France. Un fait dommageable, car selon les premiers retours, The Endless a beaucoup de points communs avec Résolution. Du duo Benson & Moorhead, nous ne connaissons que Spring, magnifique film sur l’amour d’un jeune américain paumé en Italie et d’une jeune femme victime d’une malédiction millénaire qui la rend immortelle et la fait muer en monstre. Un véritable amour naît de leur rencontre, un but pour le jeune homme ayant perdu ses parents à quelques mois d’intervalle et un nouveau compagnon pour cette jeune femme seule dans ce coin paradisiaque de l’Italie où elle se nourrit des touristes un brin grossiers.

The Endless n’a formellement rien à voir avec Spring. Nous découvrons un autre aspect du cinéma des deux Américains originaires de Los Angeles. The Endless est un film produit à l’énergie du couteau suisse. Cela se sent en permanence au creux du film. Mais Benson & Moorhead n’en ont que faire et inventent en permanence, créent une tension grâce au hors champs, à l’évaporation de ce qu’il se passe dans ce camp. Cela ne les empêche pas de gribouiller quelques lignes superflues, mais l’épreuve de ce cinéma indépendant ne peut les empêcher de combler un vide. Alors c’est parfois beau parleur, répétitif, mais l’exercice favorise ces mini défauts.

Au cœur de The Endless, il y a une envie, une rage de cinéma, qu’il soit fait selon des astuces à la « MacGyver » ou pas. Le film est certes bien plus imparfait que Spring en dépit d’une véritable production en soutien. Le duo de cinéastes est sûrement trop ambitieux encore, mais ils arrivent à produire un vrai cinéma avec un budget de court-métrage. D’assister à ce genre de travail prodigieux est bluffant. Le duo étonne et subjugue par un talent inné. On le répète, mais leur cinéma est nourri d’une envie et d’une hargne sans faille. Ils savent leurs limites opérant en conséquence. C’est remarquable.

The Endless, c’est la preuve d’un cinéma mature prêt à passer le cap. Benson & Moorhead devraient franchir la porte des studios hollywoodiens voir ce qu’ils ont dans le ventre avec un budget plus confortable. L’indépendance a ses limites en dépit de tout notre amour pour leur cinéma. Mais The Endless est la preuve que leurs ambitions débordent sur le budget n’arrivant jamais à combler leurs idées par milliers tombant dans un vide déplorable. Ces deux jeunes hommes méritent maintenant mieux quitte à se conformer au cinéma de Walt Disney, ogre dévorant tout sur son passage. Non pas une production de super-héros, mais une commande modeste pour commencer serait le pied à l’étrier d’une émancipation bienvenue au cœur d’un cinéma grand public leur permettant de devenir les grands metteurs en scène de demain.

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