La Nuit du lendemain : Marlon Brando au Touquet

Sorti en Blu-ray et DVD en même temps que L’Homme de la Sierra et La Comtesse de Hong-Kong, La Nuit du lendemain est certainement le film le plus curieux édité par Elephant Films dans cette salve de trois longs-métrages portés par Marlon Brando. Cet étrange film, réalisé par le méconnu Hubert Cornfield (réalisateur excentrique si l’on en croit l’irrésistible introduction de Jean-Pierre Dionnet sur le film) se découvre avec une vive curiosité se muant peu à peu en ennui…

Si L’Homme de la Sierra et La Comtesse de Hong-Kong, peu connus et pas forcément appréciés, méritent certainement la redécouverte, on comprend aisément pourquoi La Nuit du lendemain est tombé dans l’oubli quand on regarde la filmographie de Brando. Non pas que l’acteur y soit mauvais. Il s’y montre tout à fait crédible et investi en kidnappeur qui sent le vent tourner et ce malgré ses nombreux désaccords avec Hubert Cornfield qui expliquent que Richard Boone soit crédité également en tant que réalisateur, l’acteur ayant tourné certaines scènes sur la demande expresse de Brando. Marlon Brando, donc, n’était pas vraiment content d’être là, faisait tout pour contrarier Cornfield et était même ivre sur le tournage de temps en temps. Pourtant rien de ce comportement ne transparaît dans sa prestation : il y est une nouvelle fois impeccable, capable d’une belle intensité de jeu.

L’histoire est simple : trois types et une femme (la superbe Rita Moreno) kidnappent la fille d’un riche homme d’affaires à son arrivée à Orly. Ils la retiennent dans une maison isolée du Touquet en attendant l’argent. Mais le plan ne va pas se dérouler comme prévu, la faute à un complice trop sadique et trop imprévisible (Richard Boone, terrifiant) et à une complice se laissant trop aller (Moreno, justement). Le gendarme du coin repère les soi-disant touristes et chaque action les rapprochant de la rançon les rapproche également de leur destin… Une histoire on ne peut plus classique qui a la particularité étonnante d’être tournée au Touquet, permettant à Marlon Brando et Jacques Marin de se croiser au sein d’un même film !

S’il présente un certain intérêt quand il montre la mécanique d’un plan parfait s’écrouler à cause du facteur humain, La Nuit du lendemain se montre néanmoins assez fade dans sa deuxième partie. Une fois l’intérêt retombé, le film perd de sa force, se montrant incapable de maintenir suffisamment de tension pour tenir en éveil. La faute à un scénario un poil trop classique mais aussi à la mise en scène d’Hubert Cornfield qui multiplie certains plans étranges sans pour autant parvenir à les insérer correctement au sein du récit comme le faisait justement Sidney J. Furie dans L’Homme de la Sierra. Le résultat se voit donc comme une curiosité fort sympathique mais dont on pourrait aisément se passer.

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