Spider-Man Homecoming : La folle journée de Peter Parker.

Avec une trilogie réalisée par Sam Raimi et un diptyque par Marc Webb, Spider-Man a déjà pas mal tiré sa toile au cinéma. On a vu tout ce qui pouvait se faire en termes d’origine autour du personnage. Que ce soit dans l’épique et la flamboyance avec Sam Raimi ou le bricolage avec Marc Webb, Spider-Man est passé par toutes les étapes à Hollywood en termes de divertissement. Cette fois-ci, par un commun accord entre Sony (détenteur des droits) et Marvel (créateur du personnage), il rejoint le giron des super-héros pour participer en fanfare à Infinity War en production actuellement.

Suite à une apparition un brin forcée, mais amusante dans Civil War, l’homme-araignée a le droit à une énième itération pour un nouveau départ, semble-t-il, durable. Car avec la conclusion de la phase 3 de Marvel, certains personnages vont tirer leurs révérences. À Spider-Man ensuite de devenir l’un des personnages phares de la phase 4.

Bien heureux de récupérer un personnage important de leur catalogue, Marvel, en association avec Sony, reprend tout de zéro avec un Peter Parker lycéen bien mordu et orphelin de son oncle. Peter est un jeune héros de quartier se questionnant sur la réelle valeur de son don. Spider-Man : Homecoming s’ouvre une nouvelle fois sur les conséquences des événements d’Avengers premier du nom : le nettoyage et la récupération des déchets extraterrestres au cœur de la Big Apple en ruine. Des objets qui vont trouver leurs utilités dans la création du personnage de Toomes qu’incarne le cabotin Michael Keaton. Son Vautour va en tirer ses principales forces et sa rancœur, notamment via les héros et Tony Stark. L’histoire de Spider-Man se meut comme possible au sein du MCU. La trouvaille plutôt astucieuse assure une dynamique, Avengers étant la finalité de la phase 1, mais une véritable onde de choc pour la suite du développement de l’univers. Le film arrive à jouer tel un domino pour faire astucieusement tomber les cartes, notamment pour les héros new-yorkais.

Si Homecoming occulte les origines de Spider-Man pour éviter une troisième redite inutile, il en fabrique de nouvelles. Les péripéties des Avengers ont été un véritable raz-de-marée, une révélation pour notre Spider-kid. Car le lycéen ne voit que par les Avengers. Après avoir participé aux combats du Civil War sur l’Aéroport (rappelé avec détachement et humour dans le film), Peter Parker souhaite devenir un super-héros dans le seul but d’être un Avenger. Quid alors de l’oncle Ben ? Le personnage culte du comics et des précédents films est totalement évaporé de l’histoire, à peine citée au détour d’une phrase via Tante May. Cette chère Tante de Peter, interprété par Marisa Tomei, qui devient une simple figurante, son rôle devenant mineur dans l’apprentissage du héros. Le personnage sera seulement désamorcé par quelques blagues au début du film sur le choix de l’actrice, sa beauté et sa jeunesse, l’extrême opposé du comics original.

Marvel prend donc à contre-pied le personnage culte du comics pour le refaçonner totalement pour le cinéma. Une chose faite régulièrement dans les comics pour conquérir un public plus jeune et redynamiser le personnage. Le but est ici semblable, tout autant louable que ce soit en faveur du personnage. Peter Parker est un jeune surdoué étudiant dans un lycée à cet effet. Tous ces camarades sont des geeks, notamment son meilleur ami, l’impayable Ned. Le gamin sera le  « geek dans le fauteuil » pour l’accompagner dans ses aventures. Valeur ajoutée comique au film, il est l’un des nouveaux points que Marvel apporte pour restructurer l’univers du personnage au cinéma. Et c’est au cœur du lycée que tout se joue. Hommage doublement cité pour bien insister sur les références à John Hughes, Jon Watts et Marvel ciblent la jeunesse et le cœur des nostalgiques en renvoyant à La Folle journée de Ferris Bueller et brièvement à Breakfast Club. Peter Parker est une variation du personnage culte interprété par Matthew Broderick, se cachant et s’échappant en permanence, bravant l’autorité pour mieux se défaire des problèmes rencontrés. Peter Parker cherche en permanence à s’émanciper et à prouver sa valeur que ce soit envers Happy (Jon Favreau) ou Tony Stark.

Là où le bât blesse pour le film est la nature même du personnage. Peter Parker est Spider-Man pour prouver sa valeur de super-héros à Tony Stark et Happy. Son souhait n’est de devenir qu’un simple Avenger. Tony Stark (utilisé avec parcimonie) devient alors sa figure tutélaire à contrario de l’oncle Ben, dont la mort était le résultat de la dérive de l’adolescent dans l’appréciation de ses pouvoirs. Un grand pouvoir n’implique plus forcément de grandes responsabilités, mais le costume ne fait pas forcément l’homme. Là est la valeur du film rapprochant Homecoming aux divers travaux de John Hughes. Par Spider-Man, Peter Parker va suivre un chemin semé d’embûches pour comprendre ses responsabilités. Les futurs films autour du personnage devraient suivre cette voie l’amenant à ce virage vers l’âge adulte. Comme beaucoup de personnages cultes écrit par John Hughes, les péripéties et les drames endurés par Peter Parker vont l’amener vers une certaine maturité. Il va alors accepter sa condition, faire des choix et devenir pour l’avenir le héros connu de tous.

Occultant volontairement la raison même du personnage pour créer une nouvelle voie initiatique intéressante autour du personnage, Homecoming n’en reste pas moins trop léger pour satisfaire pleinement. Peter Parker vit sa vie d’adolescent sans jamais se remettre en question. Le souvenir de son Oncle ne le hante à aucun moment, pire le gamin agit beaucoup sur des coups de tête. On perd le Spider-Man classique se retrouvant avec un gamin insouciant jouant avec ses pouvoirs. Des pouvoirs, outre ses aptitudes suite à la morsure, provenant en majeure partie du costume créé par Tony Stark, variation de l’amure Iron Man. Jarvis laisse sa place à Karen (avec la voix de Jennifer Connelly) et l’appréciation de tous les gadgets du costume via des applications « iPhone » pour vendre plus de jouets à Noël. On ne s’étonnerait pas de voir des véhicules « Spider-Man » dans les prochains films via Stark Industries pour équiper le héros à l’image du personnage animé pour Disney XD.

Des pouvoirs que le spectateur aura peu le temps de goûter malheureusement. Spider-Man : Homecoming est un divertissement haut de gamme auquel Jon Watts n’arrive jamais à procurer le moindre souffle. Le film s’essouffle même à recycler des séquences entières des Spider-Man précédents, la séquence du Ferry renvoyant à celle du métro du Spider-Man 2 et la séquence finale dans les airs face au Vautour se déroulant dans le noir complet et un cut incessant.

En dépit de tous nos espoirs envers le rapatriement de Spider-Man chez Marvel, Homecoming tombe à plat. Excellent Peter Parker, Tom Holland ne peut rien face à un film ne lui permettant jamais de prendre son envol entre les buildings. Spider-Man reste en permanence à terre, Jon Watts étant dans l’incapacité à servir au héros des séquences épiques digne de ce nom. On sent le metteur en scène plus inspiré par les affres du lycée que de ce qui se déroule sur les toits de New-York (ou Washington). Spider-Man  : Homecoming est une déception, le premier réel couac après Thor 2. Le film reste divertissant et assure un minimum le spectacle. Mais le minimum avec Spider-Man n’est pas suffisant, surtout quand on a la lourde tâche de faire oublier le travail de l’indétrônable Sam Raimi sur ce personnage culte de la pop culture américaine.