Le Flingueur : Les mécaniques de la mort.

Qui n’a jamais mieux compris l’acteur Charles Bronson que Michael Winner ? Réalisateur de six films de l’acteur américain, leur collaboration fut fructueuse. Débuté par Les Collines de la Terreur pour se finir sur le troisième opus de la saga, Un Justicier… Ce fameux troisième opus où l’on voit Paul Kersey débarquer à New-York pour aider un quartier sous le joug de loubards. Bien sûr, Bronson/Kersey va faire le ménage, et pas qu’un peu…

Charles Bronson appréciait ce genre de scénario. Il en fera même son gagne-pain suite au succès d’Un Justicier dans la Ville. Un quidam, qui par la force des événements tragiques vécus, se transforme en nettoyeur des bas quartiers de Los Angeles et New-York. Mais deux ans avant d’être un justicier, il est un flingueur, enfin selon l’affiche française. En version originale, il est la mécanique d’un rouage mafieux pour descendre des cibles. Le personnage interprété par Charles Bronson utilise surtout une mécanique de mort infaillible, le tueur presque parfait repris en partie par l’agent 47 du jeu Hitman créé par IO Interactive.

Charles Bronson est Arthur Bishop, un tueur à gages taiseux et raffiné. Il vit au cœur d’un havre de paix luxuriant, une impressionnante maison moderne se dessinant autour d’une végétation post-moderne. Michael Winner fait d’Arthur Bishop un homme solitaire qui va prendre sous son aile le jeune Steve, après avoir tué son père.

Arthur Bishop est un tueur méthodique faisant passer chaque contrat pour des accidents. C’est le cas dans l’ouverture du film, 15 minutes totalement muettes où Winner présente d’une manière incroyable son personnage principal. Une séquence vidéo-ludique avant l’heure, Arthur Bishop mettant rigoureusement en place le destin funeste de sa cible. La suite pèche par un rythme inégal. Bishop prend sous son aile le jeune Steve. Les contrats s’enchainent, mais la finalité n’est jamais là. Tout se joue entre les deux hommes. Michael Winner trigaude sur l’ambiguïté de la relation des deux hommes. Pendant que Bronson a l’impression de jouer au père de substitution, Winner sème les quelques miettes restantes dans le scénario d’une complicité homosexuelle entre le maître et son élève. Jan Michael Vincent interprète à merveille cela avec ce corps d’Apollon et son regard clair porté en permanence sur Bronson. Distillée avec parcimonie et justesse par Michael Winner, la tendance amoureuse entre les deux hommes est le fer d’un film se lassant très vite de l’action. La mécanique s’huile rapidement vers un jeu pervers entre Bishop et Mckenna. Bishop s’amourache du jeune homme un brin ambivalent. Le voyage à Naples sera le clou du spectacle. On regrettera la soudaineté et l’empressement de cette brutale ironie du sort avant le générique. Winner laisse peu de temps à son spectateur de se remettre de ce sel qui fait du film une vraie réussite.

Réel point de départ dans la collaboration fructueuse entre Michael Winner et Charles Bronson, Le Flingueur n’est jamais le film d’action promis. Après une introduction mutique et flamboyante, le film se découvre être une tragédie romaine où l’amitié/amour se joue des convenances entre un maître et son élève. Le meurtre en guise d’apprentissage et de finalité au cœur d’un monde sombre où la trahison est le digne étendard des valeurs. Deux mondes qui s’attirent et s’opposent pour une explosion finale jouissive, l’image même d’un film d’action éjaculatoire se faisant opportunément culbuter la respectueuse Amérique et l’Amérique arrogante/libertaire se jouant des mécaniques avec un sourire charmeur. BOUM  !

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*