Justice League : Une histoire sans fin.

La fameuse équipe super-héroïque de DC Comics était attendue. Attendue au tournant suite à des premiers films imparfaits et étrillés ouvertement par les critiques et les fans. Le fait est que le public est bien plus critique envers les films du DC Universe que ceux produits par Marvel. Allez savoir pourquoi ?

DC Comics et la Warner sont donc de retour pour la deuxième fois en 2017 avec la Justice League. Enfin les voyants sont au vert pour déclencher la furie d’une équipe de super-héros dark menée fièrement par Batman. Fervents spectateurs des précédents films de l’univers DC, la Justice League avait de quoi nous conquérir d’emblée. Mais ce ne sera finalement pas le cas… enfin conquis modestement. Justice League s’ouvre sur les toits de Gotham avec Batman interrogeant un suspect et finissant par se battre avec un Paradémon. Continuant sur une vision sombre de l’univers, nous ne sommes point dépaysés par rapport aux films précédents. Le monde pleure encore la disparition de Superman, Justice League se déroulant quelques mois après Batman V Superman. Mais suite aux agissements de Lex Luthor pour venir à bout du héros kryptonien, un portail s’est ouvert et un démon nommé Steppenwolf est revenu sur Terre à la recherche de trois cubes maléfiques pour faire régner l’enfer sur Terre. S’y préparant depuis la fin de L’Aube de la Justice, Batman et Wonder Woman réunissent une équipe pour s’opposer aux démons.

Justice League pèche d’emblée par un scénario basique, ardoise vide permettant l’articulation à toutes les envies d’un comité directoire validant ou non les envies de chacun. Distribution de post-it, reshoots et remontages permanents d’un film qui arrive au final à être un divertissement bancal, mais jouissif. L’histoire est d’une convenance affligeante pour tous fans de comics. Opposant les célèbres héros à une horde de démons menés par Steppenwolf, Justice League veut en permanence aller vite, aussi vite qu’un Flash qui débarque dans le film au forceps. Le personnage désamorce constamment les situations par un humour de Geek/autiste ayant fait le choix de vivre en périphérie de la société. Un choix intéressant en décalage du Barry Allen du comics original. C’est moins le cas pour Arthur Curry alias Aquaman dont Bruce Wayne va à la rencontre. Il faut dire que le monde des Atlantes joue un rôle dans le film, permettant de croiser Mera et donc d’introduire avec un certain équilibre le dieu des mers. Jason Momoa est à cet effet un héros divin charismatique, une intéressante réinterprétation d’un personnage culte, mais oublié des comics. L’acteur prête sa carrure imposante au rôle qui postule de suite à une place importante dans le groupe, mais surtout à être un héros prometteur pour son film solo orchestré par James Wan pour 2018.

Justice League n’est jamais réellement un long-métrage. Il est tout le contraire d’un film ne convoquant jamais la moindre once de cinéma. Une volonté totalement assumée par Zack Snyder en contrepoint des volontés des exécutifs à vouloir vendre le produit « Justice League ». Le réalisateur texan est un fana de comics depuis sa tendre enfance. Il s’efforce depuis son Man of Steel, brillante relecture de Superman, à travailler la matière cinéma pour en faire du comics-book. Comment faire autrement avec des héros débiles en collant se foutant sur la gueule sur les toits de building. C’était déjà le cas avec Sucker Punch, la version longue de Batman V Superman ou encore Wonder Woman. Il est l’homme de la situation faisant de Superman un dieu vivant (et non plus une figure héroïque américaine), de Batman un vigilante massif combattant les freaks dans les rues de Gotham (le Pingouin est une nouvelle fois cité) ou de Wonder Woman une amazone sexy mettant son pouvoir divin au service de l’éradication des horreurs propres à l’homme. La Justice League n’échappe pas à ce schéma fonctionnant de nouveau assez brillamment. Il est un film conscient de sa nature primaire à être un comic-book. Alors il l’accepte volontiers mettant le spectateur face à un nouveau chapitre d’un univers à la perspective sans fin. Justice League est un spectacle agréable (parfois hideux sur quelques fonds verts), mais jamais une finalité en soi. Le film agit comme un portail ouvert vers ce vaste monde que DC Comics essaie de mettre en place depuis quatre films.

Là se crée la frustration envers Justice League. Espéré comme le spectacle ultime de la réunion de tous les grands héros de l’écurie DC Comics, il n’est finalement qu’un simple chapitre promettant une vaste histoire bien plus démesurée. Le film de Zack Snyder est la pierre angulaire à un film sur Flash, Aquaman, Batman, mais surtout à une suite à Man of Steel.

Justice League ne se suffit pas à lui-même à contrario de biens d’autres films sur les super-héros. Il est une étape forte au cœur d’un arc se construisant doucement. La vision de Zack Snyder sur la transposition de l’univers DC Comics au cinéma est construite de la même manière qu’un comics-book, un puzzle dont les pièces s’assemblent au fur et à mesure des numéros, des films sortant au fil des années permettant aux spectateurs de déceler un arc concret, une collection d’œuvres venant se conclure un moment T, ce moment où le filon sera pourri de l’intérieur, si ce n’est déjà le cas.