Wonder Woman : Girl Power

En dépit des attaques continues que DC Universe subit depuis la sortie de Batman v Superman (sa version salle), et surtout Suicide Squad, la firme de Comics Book et Warner Bros ont convaincu le public avec des Box-Office solides notamment pour les super-vilains du Squad. Blockbuster phare de l’été 2016, à défaut de convaincre les critiques et les spécialistes, le public s’est, pour sa part, amassé dans les salles de cinéma pour découvrir le nouveau chapitre du DC Universe. C’est confiant que les deux firmes présentent, presque une année après, le nouveau héros de leur catalogue ou plutôt l’héroïne phare du catalogue DC : Wonder Woman.

On l’espérait presque plus après des années d’espoir et une série TV ringarde pour enfants de moins de 14 ans. Après son introduction plutôt juste dans Batman v Superman par Zack Snyder, voici venue la plus célèbre des amazones au cinéma au cœur d’une intrigue lui étant totalement consacrée.

C’était avant qu’elle ne devienne Wonder Woman, à l’époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s’écrase sur l’île paradisiaque où elle vit, à l’abri des fracas du monde. Lorsqu’il lui raconte qu’une guerre terrible fait rage à l’autre bout de la planète, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu’elle doit enrayer la menace. En s’alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la guerre, Diana découvrira toute l’étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin.

Wonder Woman se perçoit comme une histoire à part du DC Universe. Seules son introduction et sa conclusion raccrochent le film à la continuité, la grande majeure partie du film se déroulant en 1918, quelques semaines avant la signature de l’Armistice entre la France et l’Allemagne. Wonder Woman est une énième histoire d’origine établissant le schéma identique à Man of Steel ou à toute la phase 1 de Marvel. L’exercice peut être redondant, mais Wonder Woman s’émancipe rapidement pour mener bataille. Se confondant dans les codes du genre tout le long-métrage, Patty Jenkins s’accroche à son couple star nous conduisant vers l’horreur pure. À défaut de coller typiquement aux comics book d’origine (le Seconde Guerre Mondiale), la réalisatrice choisit de renvoyer Steve Trevor et Wonder Woman au cœur de la Première Guerre mondiale. Un choix pertinent décrochant le film du moule typique du genre. De plus, Wonder Woman, par ce décor sombre et cauchemardesque, colle idéalement à l’univers obscur mis en place depuis Man of Steel. Wonder Woman en dit beaucoup plus que le Suicide Squad précédent sur la teneur générale de l’univers cinématographique de DC se plaçant au cœur des tranchées françaises et avec une intrigue se focalisant sur le développement de la guerre chimique. Le film peint de réels tableaux d’horreur notamment à l’arrivée de la troupe au village ou à proximité des tranchées. Le cheval embourbé proche de la mort ou les soldats revenants du front totalement déchiquetés. Le film plonge l’héroïne au cœur de la dépravation humaine, dans ce qu’il peut créer de pire. Elle est à la recherche de son pire ennemi, mais tombe face à la destruction de l’homme par l’homme. C’est alors que le personnage prend conscience de sa capacité ne suivant plus Steve Trevor comme une simple secrétaire. Elle n’est plus la brève Diana Prince, mais se révèle en guerrière aperçue dans l’introduction du film. Le titre de Wonder Woman ne sera jamais cité à la manière de « Superman » dans Man of Steel. La guerrière se révèle être la déesse rédemptrice, création de son père Zeus. Son arrivée remarquée et remarquable sur le champs de bataille souligne son pouvoir et son attraction. Diana devient alors la figure de proue d’une certaine justice. Elle s’émancipe des conventions se plaçant face à l’indignation générale.

Wonder Woman prouve que l’univers étendu autour du catalogue DC a une vision bien définie par Zack Snyder lui-même. Avant de s’occuper de la Justice League, le réalisateur a surveillé de près la production du film. Laissant les coudées franches à Patty Jenkins, il signe le scénario instaurant le tempo de sa saga. Wonder Woman est dans la continuité directe de son Man of Steel. L’arrivée d’un être extraordinaire au cœur d’un monde malade et maladroit. L’établissement d’une figure divine contrôlant les délires de l’âme humaine. Wonder Woman se place alors comme la vision féminine de Superman dans cet univers bien distinct. Une divinité protectrice jugulant l’extrémisme humain, une justicière de l’ombre tordant le cou aux despotes malins de pouvoir.

Malgré sa structure classique, voire commune à tout un genre prédéfini, Wonder Woman de Patty Jenkins se voit comme un tournant majeur dans le cinéma de super-héros. Tout d’abord parce qu’il est dirigé par une femme (Patty Jenkins n’ayant pas eu sa chance sur Thor – The Dark World), mais surtout en mettant en porte-étendard une héroïne. Et si le film réussit ce tour de force à être un film majeur sous la couche multiple de héros au cinéma, c’est grâce à Gal Gadot. Actrice israélienne ayant déjà endossé le costume dans L’Aube de la Justice, on a surtout connu l’ex-mannequin avec la saga Fast & Furious où elle apparaît dans les épisodes 4 à 6. Une participation remarquée notamment dans Fast & Furious 5 où elle se joue de son charme pour conquérir le méchant du film.

Mais loin de sa position de beauté plastique, Gal Gadot s’impose dans le personnage de l’Amazone par une grâce naïve, voire enfantine. Son voyage vers l’horreur va se prêter à une innocence délicatement comique aux rencontres étonnées de Diana avec le monde civilisé. Le passage par Londres par exemple lors du shopping et la sortie du Grand Magasin. Face à elle, Chris Pine incarne un Steve Trevor déterminé à jouer un rôle prédominant dans le conflit, à être ce héros sans peur face à la menace. Il campe cette position pendant la première moitié du film protégeant de tout front une Diana déboussolée par un monde inconnu. Mais face à la bataille, le capitaine reste stupéfait par la force divine. C’est alors que les rapports s’égalisent pour devenir complémentaires. Si une magnifique romance née sous les flocons de neige, le film tranche repartant sur des contrées basiques du genre.

Le final sur l’aérodrome rappelle beaucoup celui de Batman v Superman. Un twist et un face-à-face très « PlayStation » occultent le drame héroïque se jouant devant nous. Les prérogatives des investisseurs prennent le pas sur l’émotion et les rapports humains. On ne pensait pas à un tel final, un drame qui hantera pour toujours la suite de l’histoire de Wonder Woman au cinéma. On peut tout de même compter sur Patty Jenkins pour revenir dessus en épilogue, un dernier « au revoir » tendre et bouleversant.

Film épique, sombre et terriblement féminin, Wonder Woman se fourvoie dans les codes pré-établies d’un catalogue super-héroïque interminable accueillant très prochainement la Justice League. On a pu enfin faire cordialement connaissance avec une beauté divine forte et combattive, une nouvelle figure populaire moderne bénéficiant de la vision juste d’une réalisatrice talentueuse. Il en ressort alors des séquences sublimes entre batailles dantesques, amours doux et poétiques et convenances commerciales. On espère que Warner Bros a compris la leçon pour produire pour la suite des œuvres du même acabit.

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