Conspiracy : Atomic Brune.

On ne peut savoir ce que Lionsgate, distributeur américain et la Paramount pour le reste du monde, ont comme intention directe avec Conspiracy. Nouvel effort dans le domaine de l’espionnage façon Jason Bourne, la particularité de ce film est sa capacité à mettre en action, non pas un héros, mais une héroïne. Comme si en 2017, la bonne idée était de mettre en avant une femme comme héroïne d’un film d’action. C’est peu dire que cette année 2017 se jauge sous le prisme de la féminité et d’un cinéma d’action féministe. Atomic Blonde, Conspiracy, Wonder Woman, le genre n’a jamais vu autant par la femme qu’en ces temps. Si Noomi Rapace se hisse en haut de l’affiche, faut-il voir que le reste du casting est à l’avenant : hormis Toni Collette, on retrouve Orlando Bloom, Michael Douglas et John Malkovitch. Sous la direction solide, mais peu inspirée de Michael Apted (Le Monde ne Suffit pas), la formule ne change pas d’un iota en dépit de son héroïne et sa volonté de féminiser l’action.

L’intrigue se met en place de façon malheureusement opportuniste au cœur de la capitale anglaise, cible d’une attaque terroriste. On peut y ajouter Paris et le cœur de l’Europe prie au milieu d’une paranoïa pour toutes les agences de contre-espionnages internationales. Noomi Rapace interprète Alice Racine, une agente de la CIA qui travaille en couverture dans le quartier sensible d’East London, repère de groupuscules islamistes. Toujours hantée par un attentat sur un pont de Paris qu’elle n’a pu empêcher, Alice n’est plus opérationnelle. Mais quand une attaque imminente à grande échelle impliquant des armes biologiques russes semble soudainement probable, elle se plie à contrecœur à la pression pour interroger un suspect clé. Mais l’interrogatoire tourne mal.

Une fusillade plus tard et une fuite l’amenant vers ses anciens contacts, Alice fait la rencontre d’un cambrioleur (Orlando Bloom), ancien soldat qui va s’avérer être un allié improbable, tandis que la tête pensante du MI5 (Toni Collette) offre un soutien ambivalent. Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, le chef sardonique de la CIA (John Malkovich) surveille l’avancée d’Alice de façon suspecte. Le départ d’une course contre la montre pour déjouer une attaque biochimique au cœur de Londres.

Tout est révélé dans son titre français. Conspiracy va être une affaire de conspiration où chaque personnage joue double, voire triple jeu. Alice ne va pouvoir faire confiance à personne. Comme dans tout bon récit d’espionnage, Alice Racine va s’aventurer dans une course haletante ne laissant aucun temps morts. Noble tentative de bâtir une contrepartie féminine à Jason Bourne, Conspiracy se forge trop facilement dans les codes du genre pour ne jamais y déroger. Filatures, combats à mains nues et fusillades brouillonnes, Michael Apted se fourvoie dans un classicisme renvoyant à tous les scripts d’espionnages de ces dernières années. Conspiracy, même s’il propose un divertissement agréable, se calfeutre dans le classicisme pur pour faire avancer un script se souhaitant le plus réaliste possible. Le problème du long-métrage est de se baser trop simplement sur l’ambiguïté des services alors qu’une affaire grave se joue devant nous. Alice Racine court après des méchants dont on ne saura jamais réellement les revendications autres celles d’infecter tout le monde. Les méchants terroristes restent alors que de simples méchants, à l’image des multiples productions ponctuant les affaires de la guerre froide dans les années 60. Les redoutables terroristes islamistes ont finalement bon dos actuellement au cinéma pour être la cause des multiples récits d’espionnages. On ne peut dans ce cas vous renvoyer vers Trahison de Jeffrey Nachmanoff avec Guy Pearce et Don Cheadle sur le schéma identique de Conspiracy, mais dont le récit est bien plus fouillé et développé dans la mécanique moderne du terroriste. Le film se joue parfois comme un véritable documentaire haletant.

On ne pourra au moins reprocher à Conspiracy sa générosité en séquences d’action plutôt saisissantes. On lui reconnaîtra notamment sa façon de nous promener dans les quartiers périphériques de Londres, là où les tours HLM londoniennes sont érigées comme le centre névralgique de la pauvreté multi-raciale. Si finalement le cœur du problème est dévié pour éviter toutes polémiques futiles (les vrais méchants sont Anglais et Américains), Conspiracy joue le jeu à fond, et ce jusqu’au bout, ouvrant façon Mission : impossible une petite ouverture pour la suite. Pour être sincère, disons-nous pourquoi pas tant Noomi Rapace trouve en Alice Racine la possibilité d’un personnage fort et encourageant pour de nouvelles péripéties un tant soit peu plus originales.

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