Kingsman – Le Cercle d’Or : Bis Repetita

Matthew Vaughn est un réalisateur malin. Kingsman – Le Cercle d’Or débute brillamment par une scène d’action au cœur d’un véhicule de fonction de l’agence Kingsman. S’engage alors une course-poursuite de haute volée dans les rues de Londres et un combat corps à corps entre Eggsy et Charlie, ancien recalé du premier film. Par cette séquence diablement calibrée, mais tournée en partie en studio sur fond vert, Matthew Vaughn souhaite nous accrocher au wagon d’un blockbuster qui se veut cool et qui sera cool. Mais être «cool» ne signifie pas forcément avoir le bon ingrédient pour tenir sur la longueur. Le premier Kingsman surprenait par cet effet (kiss)«cool», combinaison parfaite avec le charme de Taron Egerton et la découverte de l’univers crée par Mark Millar. Rappelons que le film est l’adaptation du comics éponyme reprenant en partie la trame générale. Puis Matthew Vaughn a fait sa petite tambouille avec des séquences d’actions survitaminées et des plans-séquences vertigineux. On se souviendra à jamais de la séquence de l’église ou celle du bar.

Malheureusement pour Kingsman – Le Cercle d’Or, tout est en partie repris. Alors si Vaughn ironise sur la scène du bar avec le retour (inopportun) de Colin Firth, il le fera moins en servant en boucle les identiques scènes de combat jouissives certes, mais tellement répétitives. Ne cachons pas que Le Cercle d’Or est une agréable suite, voire un bon film. En tout cas, par rapport à toutes les autres sorties sans âmes que nous subissons dans le courant de l’année. Nous avons le seul regret de constater que Matthew Vaughn n’apporte rien de neuf à son univers potentiellement si vaste. Oui, il y a tout (ou presque) à créer, mais Vaughn n’en fait quasiment rien. Il crée une agence parallèle, les Statesman, filière américaine des Kingsman, dont l’association va servir la mission du film. But what else  ?

Nothing pardi  ! Eggsy est en concubinage avec la princesse norvégienne sauvée à la fin du premier film avec ses promesses aguichantes (!!!), mais au rayon des nouveautés, rien de neuf. Aucun des personnages n’a évolué, ni bougé d’un iota depuis la mission précédente. Si Taron Egerton prouve une nouvelle fois sa capacité à porter un film sur ses épaules après le fabuleux Eddie the Eagle, il reprend son rôle d’Eggsy là où il l’avait laissé sans y apporter la moindre touche de développement. Alors pendant une partie du film, on s’ennuie ferme. Rebelote ou presque. En dépit de tout notre amour pour le premier film, Le Cercle d’Or ne nous emballe guère. On comptera alors sur la lumineuse Julianne Moore pour nous convaincre de rester. Elle s’éclate à prendre la succession de Samuel L.Jackson en narco-trafiquante digne d’une méchante froide et machiavélique d’un James Bond des années 60. Planquée dans son antre un brin timbré au fond d’une jungle, elle assénera différents mauvais coups et inspirera le respect en faisant des Hamburgers. Loin d’être une trouvaille ahurissante en termes d’écriture, elle est ce pari fort réussi de lui avoir fait confiance pour tenir le rôle. Rien que pour Julianne Moore, vous devez voir Kingsman – Le Cercle d’Or.

Blockbuster automnal qui réchauffera les cœurs par une aventure dépaysante, Kingsman – Le Cercle d’Or peine malheureusement à convaincre. Le film ne séduit pas par son incapacité à rafraîchir l’univers des super-espions. Des super-espions infatigables et imbattables par leurs capacités à toujours être accompagnés des accessoires/gadgets adéquates à la situation. Ce qui nous renvoie au James Bond des années 70/90, celui interprété par Roger Moore/Pierce Brosnan, décrié par leur manque de réalisme, espion devenu super-héros. Un héros pop à l’image de ces kingsman pompant volontairement tout à l’agent secret de Sa Majesté, 007, qui finalement hante cet opus comme une brume mystique. Matthew Vaughn prouve alors son envie irrésistible de vouloir un jour toucher à la mythologie créée par Ian Fleming. Mieux, il crée des parallèles permanents avec l’époque Roger Moore, période fantasque et sexuelle, où le héros se jouait de gadgets à n’en plus finir, mais aussi des femmes (la séquence du festival de musique où Eggsy a rendez-vous dans la tente d’une cible). Matthew Vaughn est en permanence dans le pastiche, mais surtout dans la référence. Les origines anglaises doivent bien aider à cela, James Bond étant une institution en Angleterre. On lui fera alors ce reproche de ne jamais s’en écarter. Le comics de base était déjà dans la référence, le premier s’en inspirait pour mieux créer son univers, Le Cercle d’Or y revient par manque d’une vision concrète, par facilité. Alors que faire des Kingsman ? Laisser le soin des suites à une autre direction, un autre metteur en scène prenant le relais à l’image de la saga Kick Ass qui, que cela plaise ou non, a produit le meilleur des effets pour une suite tout aussi fun, violente et diablement orchestrée par Jeff Wadlow.

Bon divertissement faisant correctement le job, Kingsman – Le Cercle d’Or ne convainc guère en étant une suite presque inutile. On retrouve tous les charmants personnages ayant fait le sel d’un premier opus surprenant. Mais passée la surprise, Kingsman est une agence d’espionnage comme beaucoup d’autres. Matthew Vaughn loupe le coche en peinant à donner du volume à des personnages qui en mérite pourtant et en rappelant à la rescousse certains dont finalement on se serait bien passé. Le Cercle d’Or ne sera finalement pas la suite attendue, ce moment génial de cinéma pop et irrévérencieux souhaité. Juste une petite touche opportuniste de plus comme l’on fait beaucoup (trop) de suites avant lui.

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  1. Box-Office France du 11/10/2017 au 17/10/2017 - Close-Up Magazine

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