Colossal : un film d’une originalité monstre

Parfois, c’est comme ça, les films les plus originaux et les plus singuliers que le cinéma a à nous offrir ne sortent pas sur grand écran mais trouvent un moyen différent de venir jusqu’à nous. Sorti en E-Cinema en juillet dernier, Colossal fait partie de ceux-là, de ces films atypiques et totalement inclassables, oscillant sans cesse entre plusieurs registres. Et le voilà qui sort aujourd’hui en DVD et Blu-ray chez TF1 Video, une bonne occasion de se pencher dessus.

Réalisé par Nacho Vigalondo, cinéaste amateur d’expériences et de films à high concept (comme le Open Windows sorti en 2014 et filmé quasiment uniquement à travers un écran d’ordinateur), Colossal prend le spectateur par surprise. La scène d’introduction nous plonge en Corée avec l’apparition d’un monstre singulier tout droit sorti d’un film de kaiju puis le film nous centre bien des années plus tard sur Gloria. Gloria qui est une alcoolique notoire, sortant avec un type gardant une emprise sur elle sous prétexte de la protéger et qui quitte l’agitation new-yorkaise pour revenir dans sa ville natale. Une ville où elle retrouve Oscar, ancien camarade de classe tenant un bar et avec qui elle va nouer une étrange relation dont le dénouement se jouera autour d’un monstre géant. Car Gloria, sans vraiment savoir pourquoi, découvre que ses actes et celui d’un monstre géant apparaissant à Seoul sont liés. Dès qu’elle se place dans un parc à une heure précise, ses mouvements sont exactement les mêmes que celui du monstre… Ce qui bien évidemment arrive à un moment où elle est complètement perdue dans sa vie.

Du film de kaiju, Colossal n’en a que le monstre. Ce qui déroute le plus avec le film, c’est sa volonté de ne jamais coller précisément à un genre et de détourner sans cesse les attentes du public. Comme dans une de ces énièmes comédies romantiques, Gloria quitte la ville et son petit ami pour aller à la campagne et y rencontrer au passage un autre homme. Mais cette rencontre, possible promesse d’un renouveau personnel, finira par prendre une tournure bien plus sombre et bien plus violente qu’on ne l’aurait cru. C’est ça la magie de Colossal, garder son âme et s’en tenir à ses personnages quitte à déjouer toutes nos attentes. Quitte, surtout, à nous laisser le cul entre deux chaises, le ton du film étant carrément déroutant et peinant parfois à trouver son équilibre.

Ceci dit, cela ne l’empêche pas d’être une réussite dans le sens où Colossal ne ressemble à aucun autre film connu. A l’heure où les suites de suites de sagas ou de reboots sortent à toute allure, Colossal a le mérite d’exister et de proposer un cinéma excitant et noir où nous ne sommes pas pris par la main. Saluons en ce sens l’implication de Anne Hathaway dans le projet, l’actrice ayant tellement aimé le scénario qu’elle a accepté de baisser son salaire pour jouer dedans. Sans son nom, le film ne se serait d’ailleurs jamais monté et ça aurait été dommage car voir Hathaway dans ce registre d’alcoolo perdue fait du bien à voir, confirmant qu’elle a du talent qui ne devrait pas toujours être confiné aux rôles larmoyants et/ou gentiment comiques. A ses côtés, Jason Sudeikis propose un contre-emploi absolument saisissant et même si certaines réactions des personnages ne sont pas toujours compréhensibles, on ne peut qu’apprécier autant de noirceur dans ce qu’il semblait être une comédie romantique agrémenté à la sauce kaiju. Colossal est donc tout sauf un petit film et sa découverte immédiate ne saurait tarder à pimenter vos soirées automnales.

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